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futurs portaient et qu’ils portent encore dans leurs flancs ; il ne vit plus dans son œuvre que le fruit d’une suggestion satanique. et la jeta au feu. Cette perte, l’illustre académicien l’a depuis vivement regrettée, d’accord, en cela, avec tous ceux qui s’intéressent aux progrès des sciences et à la gloire du pays.

Le doute religieux n’est pas le seul qui ait troublé la vie d’Ampère. Le doute, quel qu’en fût l’objet, bouleversait son esprit au même degré. « Le doute, écrivait-il à un de ses amis de Lyon, est le plus grand des tourments que l’homme endure sur la terre ! » Voici (entre mille) une des questions, assurément très-douteuses, d’autres diraient insolubles, sur lesquelles la pensée de notre ami s’était exercée, qu’on me passe l’expression, avec le plus d’emportement.

L’étude des animaux fossiles montre que notre globe a été le théâtre de plusieurs créations successives qui, de perfectionnement en perfectionnement, se sont élevées jusqu’à l’homme. La terre n’offrait d’abord rien de vivant, rien d’organisé. Puis se présentèrent quelques végétaux ; puis les animaux invertébrés : les vers, les mollusques ; plus tard des poissons, des reptiles marins ; plus tard encore les oiseaux ; enfin, les mammifères.

« Vois-tu, écrivait Ampère à un de ses amis de Lyon, vois-tu les palœothériums, les anoplothériums remplacés par les hommes ? J’espère, moi, qu’à la suite d’un nouveau cataclysme, les hommes, à leur tour, seront remplacés par des créatures plus parfaites, plus nobles, plus sincèrement dévouées à la vérité. Je donnerais la moitié de ma vie pour avoir la certitude que cette transformation arri-