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pourra, je n’en ai pas moins deux mille-verbes bien conjugués dans mes cartons ! »

Ampère appartenait à une tout autre catégorie infiniment plus rare : chez lui, la crédulité était le fruit de l’imagination et du génie. En entendant raconter une expérience extraordinaire, son premier sentiment était sans doute la surprise ; mais bientôt après, cet esprit si pénétrant, si fécond, apercevant des possibilités là où des intelligences communes ne découvraient que le chaos, il n’avait ni trêve, ni cesse, qu’il n’eût tout rattaché par des liens plus ou moins solides aux principes de la science. Dois-je craindre d’être accusé de méconnaître le cœur humain, en ajoutant que le mérite de la difficulté vaincue, a quelquefois pu influer sur la ténacité de notre savant confrère à défendre certaines théories ?

En quittant Lyon, en 1805, Ampère n’avait pas assez calculé ce qu’il laissait d’amis et de souvenirs dans cette ville. Peu de temps après son arrivée à Paris, il fut pris d’une véritable nostalgie, dont la guérison n’a jamais été complète. Dans des lettres de 1813, de 1820, et même d’une date postérieure, son acceptation de la place qui l’attacha à l’École polytechnique, est qualifiée d’acte de folie insigne. Ses rêves favoris étaient des combinaisons, toujours impraticables, qui auraient pu le ramener aux lieux témoins de son enfance. L’exclamation : « Oh ! si j’étais resté à Lyon ! » termine le récit de ses chagrins de toute nature. Ceci, Messieurs, donne la clef de bien des circonstances de la vie de notre ami restées jusqu’ici inexpliquées.

La métaphysique, j’en ai déjà touché quelque chose