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pétuel de l’Académie s’était laissé extourner de l’étude des sciences par les occupations politiques. N’apercevant que le rôle brillant de l’orateur de l’opposition, quelques-uns affirmaient que, depuis qu’il était devenu membre de la Chambre des députés, il avait cessé de travailler utilement pour la science. Mais ses œuvres témoignent d’un bout à l’autre que jamais il n’a abandonné aucune de ses recherches. Il y a même ceci de saillant et de tout à fait remarquable dans sa manière de travailler, qu’il portait pendant de longues années ses méditations sur plusieurs sujets à la fois, quoique presque tous ces sujets exigeassent une attention soutenue et fussent d’une nature ardue. Souvent dans la même journée, après les distractions de la vie politique ou de la vie du monde, il faisait les expériences ou écrivait successivement sur plusieurs matières différentes. Il quittait sans peine une question d’astronomie pour traiter une question de physique ou de météorologie, ou même pour étudier quelque projet de loi, ou écouler les nombreux savants qui venaient lui demander des conseils ou des recommandations. Lorsqu’un problème le préoccupait fortement et qu’il n’en trouvait pas immédiatement une solution satisfaisante, il cessait momentanément de s’en occuper et cherchait dans d’autres sujets une diversion profonde. C’est ainsi qu’en changeant souvent de point de vue, son regard ne se fatiguait pas. Son intelligence, reposée par la variété des conceptions, revenait avec une vigueur nouvelle pour franchir les obstacles que d’abord elle n’avait pu vaincre. Il mit, pendant toute sa vie, à profit un conseil qui l’avait frappé dans sa jeunesse, celui de