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été que partiellement polarisés, Ceci posé, les rayons qu’un miroir de verre réfléchit sous l’angle de 35° étant polarisés dans un sens, il sera facile de trouver une des deux positions d’un rhomboïde dans laquelle cette lumière ne fournit qu’une image ; si l’on examine ensuite la lumière qui passe sous la même inclinaison de 35°, le rhomboïde n’ayant pas changé de position par rapport au miroir, on trouvera, ainsi que Malus l’a reconnu le premier, qu’elle n’est que partiellement polarisée, et que de plus l’image la plus faible correspond à celle qui était seule visible quand on examinait les rayons réfléchis ; aussi, si dans ce dernier cas on ne voyait que l’image ordinaire, lorsqu’on analysera la lumière transmise le faisceau extraordinaire sera le plus faible, et réciproquement, en sorte que les rayons réfléchis et transmis sont polarisés en sens contraires. Au reste, la polarisation partielle que présente la lumière transmise ne semble pas très-considérable, et c’est sans doute pour cela qu’elle avait échappé aux premières recherches de Malus. Dans les expériences dont je vais rendre compte, je me suis proposé de comparer la quantité de lumière qui se polarise par réflexion à celle qui, sous la même incidence, éprouve la modification contraire en traversant le miroir ; la certitude du résultat auquel je suis arrivé devant dépendre de la méthode d’observation que j’ai employée, il sera d’abord convenable que je l’explique succinctement.

« Bouguer a démontré, par une expérience très-simple, que l’œil le moins exercé aperçoit la différence d’intensité de deux lumières très-rapprochées, lors même qu’elle n’est que de 1/64e de l’une d’entre elles. Supposons maintenant que ce 64e de lumière blanche soit décomposé en deux faisceaux complémentaires, l’un rouge, par exemple, et l’autre verdâtre ; que la portion rouge puisse être transportée sur l’une des images et la portion verte sur l’autre ; dans ce nouvel état, les deux lumières diffèrent moins l’une de l’autre, absolument parlant, que lorsqu’elles étaient blanches, et cependant l’expérience m’a appris que la différence des deux lumières s’aperçoit bien plus aisément par le contraste des teintes que par la seule inégalité d’éclat ; c’est ainsi, par exemple, que dans des circonstances où les images comparées paraissaient presque parfaitement égales, Il me suffisait de partager la différence entre les deux, mais à l’état de lumière colorée, pour bien distinguer l’une de l’autre.

« Après m’être assuré de la sensibilité de ce moyen photométrique, il ne me restait plus qu’à l’appliquer à la solution de la question que j’ai indiquée plus haut. Voici mon appareil.