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et en général les qualités quelconques des milieux qui comprennent la lame mince ne peuvent modifier la grandeur des anneaux.

« Il est vrai que cette recherche présente beaucoup de difficultés, car comment être assuré, par exemple, qu’après avoir placé une lentille sur un miroir plan de métal, on a obtenu le même degré de rapprochement que lorsque, dans un essai comparatif, on déposera cette même lentille sur un miroir de verre ; je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l’expérience que j’ai rapportée tout à l’heure pourra conduire à la solution de cette question importante et curieuse. Nous avons vu en effet que les anneaux qui entourent le point de contact d’une lentille et d’un miroir de métal, décomposés avec un rhomboïde, ont fourni dans les inclinaisons obliques deux images qui n’étaient pas semblables : l’une d’elles étant assimilée à la série qu’un apercevrait par réflexion sur deux lentilles de verre, l’autre devrait être comparée aux anneaux transmis par les mêmes lentilles, mais placées dans un degré de rapprochement un peu différent de celui qui fournissait la première image réfléchie. Dans cette dernière expérience la lumière complémentaire de celle que la lame réfléchit passe au travers des lentilles et forme les anneaux qu’on aperçoit par transmission. Lorsque l’appareil renferme un miroir de métal, cette dernière portion de lumière doit être absorbée, soit en totalité, soit en partie ; si l’absorption est partielle, on pourrait admettre à la rigueur que la portion que le miroir réfléchit forme la seconde suite que nous découvre le rhomboïde ; mais il est clair que dans ce cas les anneaux complémentaires devraient se correspondre parfaitement, et c’est ce qui n’arrive point. Il se présente un autre moyen d’expliquer la seconde suite d’anneaux et qui consiste à supposer qu’elle est formée aux dépens de la portion de lumière incidente qui n’est pas dans son premier passage au travers de la lame mince, et qui, en revenant du miroir métallique qui la réfléchit, rencontre la lentille supérieure et forme des anneaux transmis. Mais on voit que dans cette nouvelle hypothèse, pour expliquer la non correspondance des anneaux, il faudrait encore admettre que les couleurs formées sur la lame sont en partie modifiées par la nature des milieux en contact avec elle.

« C’est ainsi, par exemple, qu’une portion du couvercle, qui est rouge à l’œil nu, donne, à partir de la perpendiculaire et quand on l’examine avec le rhomboïde, deux images rouges dont les intensités sont d’autant plus inégales qu’on s’approche davantage de l’angle de 35° environ ; à cette limite on ne voit qu’une image ; plus obliquement on en aperçoit de nouveau deux : celle qui était