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reproduis ici eussent été publiées en 1811 ou 1812, époque où elles ont été composées.

« Les couleurs des lames minces de tous les corps de la nature ayant été assimilées par Hooke et Newton à celles des anneaux colorés ordinaires, il était naturel que je cherchasse si une de ces lames, déposée sur un métal et examinée ensuite avec un rhomboïde de carbonate de chaux, offrirait au-dessous d’une certaine inclinaison deux images diversement colorées. On conçoit d’ailleurs facilement que, pour tenter cette expérience avec quelque chance de succès, il est indispensable que le corps mince et le métal soient parfaitement en contact. Les couleurs qu’on aperçoit sur le cuivre verni, par exemple, se prêtent parfaitement à ce genre d’observation.

« On sait, en effet, que pour empêcher ce métal de se ternir à l’air, les artistes le recouvrent d’un enduit particulier dont les éléments principaux sont, si je ne me trompe, l’alcool et la gomme laque ; mais cette opération se faisant à chaud, l’alcool s’évapore, et la gomme laque, en se déposant, donne des couches d’épaisseurs différentes et qui par conséquent sont diversement colorées. Dans les couvercles de lunettes ces couleurs sont ordinairement disposées en anneaux concentriques, parce que la gomme a rempli les sillons presque circulaires que le polissoir avait formés sur le métal pendant qu’on le tournait ; dans d’autres pièces ces couleurs ne présentent aucune forme régulière.

« Je me suis servi, le plus souvent, dans mes essais de couvercles de lunettes ; or, l’examen que j’ai fait des couleurs m’a appris qu’elles sont polarisées sous une inclinaison déterminée ; qu’au-dessus les rayons présentent des traces de polarisation partielle, mais que les deux images sont semblables, tandis que, dans les inclinaisons plus obliques, les deux faisceaux ont des teintes complémentaires.

« En appliquant le même moyen d’observation à l’examen des couleurs qui se forment sur certaines facettes des cristaux de fer spéculaire, sur le cuivre pyriteux, sur l’acier recuit a différents degrés, etc., etc., on apercevra des phénomènes analogues aux précédents, mais qui cependant en diffèrent par plusieurs circonstances essentielles ; ainsi sous un angle bien aigu les deux images que fournira le rhomboïde seront bien dissemblables, mais leurs teintes ne seront exactement complémentaires que fort rarement ; les couleurs de la gomme laque dans l’expérience précédente et