Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 13.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

positions du cristal deux images qui sont à peu près également vives et formées du même arrangement de couleurs. À mesure que les rayons lumineux qui forment ces anneaux s’inclinent de plus en plus à la surface du couvercle, l’une des images s’affaiblit par degrés et finit même par disparaître complètement, lorsque toutefois la section principale du cristal est perpendiculaire ou parallèle au plan de réflexion. Si, le rhomboïde restant dans l’une quelconque de ces deux positions, on incline encore davantage le couvercle aux rayons de lumière, l’image qui d’abord avait disparu se montrera de nouveau, mais avec cette particularité remarquable, que la couleur de chacun des anneaux qui la composent sera complémentaire de celle des anneaux correspondants dans l’image qui avait été toujours visible. Ainsi dans le premier cas, ou sous l’incidence presque perpendiculaire, les rayons qui forment les bandes ont tous les caractères de la lumière directe, puisqu’ils se partagent toujours en deux faisceaux semblables dans leur passage au travers d’un cristal doué de la double réfraction. Sous une inclinaison qui n’est pas très-éloignée de 30°, ces rayons sont polarisés, puisqu’ils n’éprouvent pas la double réfraction dans quatre positions du rhomboïde de carbonate de chaux. Dans les inclinaisons plus petites, la lumière des bandes a la propriété des rayons à axes colorés, car en traversant le cristal de carbonate calcaire, elle se divise en deux faisceaux qui sont teints de couleurs complémentaires.

« Pour m’assurer que ces phénomènes ne dépendent pas de quelque propriété particulière et inconnue de la légère couche de gomme laque dont le cuivre était recouvert, j’ai formé des couleurs semblables en déposant divers fluides sur toutes sortes de miroirs, car le progrès de l’évaporation les amenait en peu de temps aux épaisseurs qui conviennent à la production des différentes bandes. L’huile de sassafras, dont je me suis le plus souvent servi, donne, entre autres fluides, des couleurs très-vives, et qui se prêtent par conséquent avec beaucoup de facilité aux observations qu’on peut en faire sous diverses inclinaisons. Or, dans leur passage au travers d’un cristal convenablement disposé, ces couleurs, comme celles du cuivre verni, se décomposent en deux images semblables, lorsque les rayons qui les forment se réfléchissent sous des inclinaisons peu éloignées de la perpendiculaire. Si l’inclinaison diminue, l’une des Images s’affaiblit par degrés, et l’on arrive bientôt au terme où elle disparait complétement ; plus obliquement, cette image se présente de nouveau, mais sa couleur dans toutes ses parties est complémentaire de celle du premier faisceau. Du