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pour toutes, ou si elle est différente. On pourra même espérer de rendre sensibles les petites différences de vitesse que le mouvement de la Terre éprouve dans les diverses époques de l’année, en vertu de l’ellipticité de son orbite. Cette méthode, qui détermine l’aberration par des observations faites avec le prisme, paraît d’autant plus exacte, qu’en accroissant l’angle réfringent du prisme, on augmente la déviation qu’il produit de manière à la rendre beaucoup plus considérable que la valeur de l’angle d’aberration qui s’observe directement. C’est ce moyen que M. Arago a employé sur l’incitation de M. Laplace ; mais, ce qu’on était loin de prévoir, il a trouvé que toutes les lumières, soit terrestres, soit célestes, directes et réfléchies, éprouvent absolument la même déviation, quelle que soit la direction dans laquelle elles sont lancées. On pourrait croire que cette anomalie tient à la difficulté d’observer exactement le centre de l’image réfractée, parce que dans ces expériences l’action des prismes décompose toujours la lumière et dilate l’image du point lumineux sous la forme d’un spectre oblong et coloré. Mais cette cause d’erreur n’existe point dans les expériences de M. Arago, parce qu’il s’est servi d’un prisme achromatique composé de flint-glass et de crown-glass, dans des proportions telles qu’il recomposait presque exactement la lumière ; de sorte que l’image de l’étoile, vue à travers ce prisme, était presque aussi concentrée que si on l’eût observée à travers des milieux à faces parallèles.

« Le prisme employé par M. Arago dans ses expériences était placé devant l’objectif d’un cercle répétiteur, de manière à n’en couvrir qu’une partie ; de sorte que l’on pouvait observer successivement le rayon lumineux direct à travers la lunette seule, et le même rayon dévié par le prisme. En tenant compte du temps où les deux opérations étaient faites, on ramenait l’astre, par le calcul, à une même hauteur sur l’horizon. La différence des angles observés directement et à travers le prisme donnait la déviation éprouvée par le rayon lumineux. En observant ainsi les étoiles de l’écliptique qui passaient au méridien à six heures du soir, la Terre, qui tourne sur elle-même, comme autour du Soleil, d’occident en orient, marchait sur son orbite, dans le même sens que leur lumière ; et, par conséquent, celle-ci n’avait, en arrivant sur le prisme, que la différence des deux vitesses. Le contraire avait lieu pour les étoiles qui passaient au méridien à six heures du matin, et la Terre allait en sens contraire de leur lumière. Mais cette opposition, qui aurait dû donner une différence de 50 secondes sexagésimales dans les déviations observées, n’y a produit aucun changement appréciable. »