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les forces qui peuvent servir à la défense du pays, qui peuvent faire respecter la France et la rendre terrible à ceux qui voudraient l’attaquer ; mais pour les affaires d’une autre nature, d’une moindre importance, pour des affaires d’instruction secondaire, la centralisation est-elle véritablement utile ? est-il nécessaire de la porter jusqu’à ces dernières limites ? est-il raisonnable de pousser un boit principe jusqu’à une exagération intolérable ?

Voyez l’Angleterre, et ici je n’entends pas parler du genre de centralisation dont je maintiens la nécessité : voyez l’Angleterre, et sous le rapport de l’administration intérieure, vous y trouverez les affaires en fort bon ordre, sans aucune trace de cette centralisation dont nous sommes si fiers.

Permettez-moi, Messieurs, de vous rendre compte, en quelques mots, d’une circonstance toute personnelle et qui a laissé dans mon esprit une trace ineffaçable.

Lorsque le gouvernement anglais voulut, il y a quelques années, réformer le système des poids et mesures, il désira, dans des vues toutes libérales, avoir des étalons des mesures métriques. Je me chargeai de suivre la construction du mètre ; je le portai à Londres ; et de crainte qu’il ne fût faussé, je poussai le scrupule jusqu’à vouloir le déposer moi-même au ministère de l’intérieur. Pour un Français, le ministère de l’intérieur, ce devait être un palais, des montagnes de cartons, une armée de commis. Je trouvai, au contraire, une maison de la plus modeste apparence ; deux ou trois bureaux, et dans ces bureaux, trois ou quatre personnes. Je n’en croyais pas mes yeux ; je craignais de m’être trompé d’adresse.