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intervention dans les choix… (Dénégations. Interruption.)

Je ne devine pas, Messieurs, ce qui peut vous avoir choqué dans ce que je viens de dire. Je cite des faits, j’en déduis la conséquence.

Je maintiens que la partie de la population qui est privée de toute espèce de droits politiques est non-seulement la plus nombreuse, mais encore qu’elle paie la part de beaucoup la plus considérable dans les contributions de l’État.

Le corps électoral actuel est une imperceptible minorité par le nombre et par la nature de toutes les charges.

Les pétitionnaires s’adressent à la Chambre au nom du droit. Le droit est imprescriptible, le droit ne périt pas pour avoir sommeillé pendant un grand nombre d’années. Le mot droit signifie ici justice : qui réclame au nom de la justice, réclame au nom d’une autorité invincible. Ce n’est pas la force, la violence, qui peuvent primer le droit. Si vous voulez passer à l’ordre du jour, il faut que vous prouviez que les pétitionnaires ne sont pas dans leur droit.

Je sais bien que certains publicistes établissent une distinction entre les droits naturels et les droits politiques ; mais je défie de tracer nettement la ligne de démarcation qui sépare les uns des autres.

Le droit de locomotion, le droit de se déplacer, de se transporter où l’on veut, est évidemment un droit naturel. Eh bien, vos lois sur les passe-ports ne peuvent-ils pas l’anéantir pour une partie considérable de la population ?

Il est donc utile, il est donc juste que les classes qui