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conduit à regarder comme utile, comme nécessaire une chose que tant de personnes croiraient fatale.

Il y a dans toutes les institutions, grandes ou petites, un principe fondamental dont on ne doit pas s’écarter, sous peine de les énerver. Mêlez aux conséquences légitimes du principe des choses qui n’en découlent pas et, à plus forte raison, des choses qui le contrarient, et l’institution périra inévitablement. Voyons donc quel est le principe fondamental de notre gouvernement ?

Avant la révolution de juillet c’était la légitimité : ce principe a disparu, moins dans les trois grandes journées qu’au moment de l’embarquement de Charles X, du duc d’Angoulême et du duc de Bordeaux.

Je sais bien que le principe de la souveraineté populaire a semblé pouvoir devenir quelque peu dangereux, quelque peu embarrassant, quelque peu difficile à une fraction de cette chambre connue par sa perspicacité et par la persistance de ses vues politiques ; je sais qu’elle a tenté de substituer au principe de la souveraineté nationale le principe de la souveraineté de la raison.

Je deviendrai grand partisan du principe de la souveraineté de la raison, si l’on me fait voir à quel signe certain on reconnaîtra la raison, à quel caractère on saura la distinguer de l’erreur.

Les députés qui voulaient substituer au principe de la souveraineté nationale le principe de la souveraineté de la raison ne se rappelaient pas, sans doute, les paroles d’un homme dont la raison supérieure sera citée avec admiration dans tous les siècles

« On ne voit presque rien de juste ou d’injuste qui ne