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sur notre concours lorsqu’il préposera des mesures destinées à mettre la nationalité française à l’abri de toute atteinte. Ces sentiments ne sauraient, toutefois, nous dispenser de rechercher les moyens les plus économiques d’arriver au même but. La nation succombe sous le poids des impôts ; elle ne pourrait supporter bien longtemps encore un budget d’un milliard et demi. Un seul ministère, celui de la guerre, absorbe improductivement chaque année 300 ou 400 millions ; et, cependant, chaque jour on assure que la paix européenne ne sera pas troublée ; que les nations voisines protestent à toute occasion de leurs dispositions amicales ! Ces dispositions seraient sans doute plus assurées si la France avait su conserver la puissante influence morale dont l’immortelle révolution de juillet la dota ; si, après nous être placés à la tête de la civilisation en proclamant le principe de non intervention, des ministres pusillanimes n’avaient pas honteusement souscrit à l’anéantissement de la nationalité polonaise, à l’envahissement de l’Italie, à l’oppression de tous les États constitutionnels de l’Allemagne. Ces fautes sont immenses, irréparables ; elles ont brisé de bien vives sympathies ; elles ont rendu impossibles, peut-être pour des siècles, de précieuses alliances sur lesquelles nous devions compter ; elles amèneront tôt ou tard, nous le craignons du moins, sur le même champ de bataille, d’un côté les enfants de la France constitutionnelle, de l’autre les sujets des souverains absolus coalisés. Si le combat s’engage, ce n’est certainement pas nous qui douterons du succès. Mais il faut que la France ne soit pas prise au dépourvu, il faut qu’elle possède de longue main une