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CARNOT CHARGÉ DE L’ORGANISATION ET DE LA DIRECTION DE NOS ARMÉES.


À diverses époques, on a vu, en France ainsi que dans d’autres pays, de simples administrateurs occuper avec succès les postes éminents de ministre de la guerre ou de la marine. Le général en chef, l’amiral, recevaient alors des commandements avec carte blanche, quant à la nature des opérations, et les ministres n’avaient guère à s’occuper que de l’envoi opportun et régulier des approvisionnements et des renforts. Le croiriez-vous, Messieurs ? c’est dans un cercle aussi étroit que la mauvaise foi, que l’envie ont voulu renfermer l’influence décisive que Carnot exerça sur nos destinées. Mais il nous sera facile de renverser en quelques mots cette œuvre d’une hideuse ingratitude.

Lorsque notre confrère devint, en août 1793, membre du comité de salut public, la France subissait une épouvantable crise. Les débris de l’armée de Dumouriez étaient repoussés de position en position ; Valenciennes, Condé, ouvraient leurs portes à l’ennemi ; Mayence, pressée par la famine et sans espoir d’être secourue, capitulait ; deux armées espagnoles envahissaient notre territoire ; vingt mille Piémontais franchissaient les Alpes ; les quarante mille Vendéens de Cathelineau s’emparaient de Bressuire, de Thouars, de Saumur, d’Angers ; ils menaçaient Tours, le Mans, et attaquaient Nantes par la rive droite de la Loire, pendant que Charette opérait sur la rive opposée ; Toulon recevait dans son port une es-