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tous ses collègues, il faisait sciemment à la France le plus grand de tous les sacrifices ; qu’il plaçait son honneur aux mains de plusieurs de ses ennemis déclarés ; que, comptant enfin sur la justice tardive de la postérité, il arborait cette devise, presque surhumaine, d’une des plus puissantes organisations que la Révolution ait fait surgir du flot populaire, cette devise que tout patriote sincère et doué de quelque chaleur d’âme pourrait au reste avouer : Périsse ma réputation plutôt que mon pays.

Vous l’avez déjà compris, Messieurs, mon but est de partager en deux catégories distinctes et les membres du comité de salut public et la longue série de ses actes.

Le terrible comité contribua puissamment à la défense du territoire ; grâces lui soient rendues ! On ne pouvait résister à mille passions déchaînées que par la vigueur des déterminations ; que par l’énergie de la volonté ; qu’en allant avec une main de fer saisir en tout lieu les barbares qui, auxiliaires de l’étranger, voulaient déchirer les entrailles de la patrie : le comité se montra énergique et vigoureux ; il eut souvent une main de fer : gloire au comité !

Mais bientôt, Messieurs, la fermeté dégénère en frénésie ; mais bientôt on immole les riches par l’unique raison qu’ils sont riches ; mais bientôt la terreur règne d’une extrémité de la France à l’autre ; elle porte indistinctement le deuil et le désespoir dans la famille du simple soldat et dans celle du général ; elle saisit ses victimes dans l’humble demeure de l’artisan, comme dans le palais doré de l’ancien duc et pair ; elle n’épargne ni l’âge ni le sexe ; elle frappe en aveugle toutes les opinions ; ajoutant