Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

champs d’oliviers, dont le revenu faisait vivre sa nombreuse famille.

J’avais donc trois ans en 1789, quatre ans en 1790, cinq ans en 1791, six ans en 1792, et sept ans en 1793, etc.

Le lecteur a par devers lui les moyens de juger si, comme on l’a dit, comme on l’a imprimé, j’ai trempé dans les excès de notre première révolution.


III.


Mes parents m’envoyèrent à l’école primaire d’Estagel, où j’appris de bonne heure à lire et à écrire. Je recevais en outre, dans la maison paternelle, des leçons particulières de musique vocale. Je n’étais, du reste, ni plus ni moins avancé que les autres enfants de mon âge. Je n’entre dans ces détails que pour montrer à quel point se sont trompés ceux qui ont imprimé que, à l’âge de quatorze à quinze ans, je n’avais pas encore appris à lire.

Estagel était une étape pour une portion des troupes qui, venant de l’intérieur, allaient à Perpignan ou se rendaient directement à l’armée des Pyrénées. La maison de mes parents se trouvait donc presque constamment remplie d’officiers et de soldats. Ceci, joint à la vive irritation qu’avait fait naître en moi l’invasion espagnole, m’avait inspiré des goûts militaires si décidés, que ma famille était obligée de me faire surveiller de près pour empêcher que je ne me mélasse furtivement aux soldats qui partaient d’Estagel. Il arriva souvent qu’on m’atteignit à une lieue du village, faisant déjà route avec les troupes.