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surprit un jour emportant dans sa chambre, pour la disséquer, la tête d’un enfant mort d’une maladie inconnue.

Watt, toutefois, ne se destina ni à la botanique, ni à la minéralogie, ni à l’érudition, ni à la poésie, ni à la chimie, ni à la physique, ni à la médecine, ni à la chirurgie, quoiqu’il fût si bien préparé pour chacun de ces genres d’études. En 1755, il alla à Londres se placer chez M. John Morgan, constructeur d’instruments de mathématiques et de marine, dans Finch-Lane, Cornhill. L’homme qui devait couvrir l’Angleterre de moteurs à côté desquels, du moins quant aux effets, l’antique et colossale machine de Marly ne serait qu’un pygmée, entra dans la carrière industrielle en construisant de ses mains, des instruments subtils, délicats, fragiles : ces petits mais admirables sextants à réflexion, auxquels l’art nautique est redevable de ses progrès.

Watt ne resta guère qu’un an chez M. Morgan, et retourna à Glasgow où d’assez graves difficultés l’attendaient. Appuyées sur leurs antiques priviléges, les corporations d’arts et métiers regardèrent le jeune artiste de Londres comme un intrus, et lui dénièrent obstinément le droit d’ouvrir le plus humble atelier. Tout moyen de conciliation ayant échoué, l’Université de Glasgow intervint, disposa en faveur du jeune Watt d’un petit local dans ses propres bâtiments, lui permit d’établir une boutique, et l’honora du titre de son ingénieur. Il existe encore de petits instruments de cette époque, d’un travail exquis, exécutés tout entiers de la main de Watt. J’ajouterai que son fils a mis récemment sous mes yeux les premières épures de la machine à vapeur, et qu’elles sont vraiment