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santes idées sur la régénération sociale de la France s’emparèrent de tous les esprits. Aussitôt Fourier renonça à la carrière ecclésiastique, ce qui n’empêcha point ses anciens maîtres de lui confier la principale chaire de mathématiques à l’école militaire d’Auxerre, et de lui prodiguer les marques d’une vive et sincère affection. J’ose le dire, aucune circonstance, dans la vie de notre confrère, ne témoigne plus fortement de la bonté de son naturel et de l’aménité de ses manières. Il faudrait ne pas connaître le cœur humain, pour supposer que les moines de Saint-Benoît ne ressentirent point quelque dépit en se voyant si brusquement abandonnés ; pour imaginer, surtout, qu’ils renoncèrent sans de vifs regrets à la gloire que l’ordre pouvait attendre du collaborateur ingénieux qui leur échappait.

Fourier répondit dignement à la confiance dont il venait d’être l’objet. Quand ses collègues étaient indisposés, le professeur titulaire de mathématiques occupait, tour à tour, les chaires de rhétorique, d’histoire, de philosophie, et, quel que fût l’objet de ses leçons, il répandait à pleines mains, dans un auditoire qui l’écoutait avec délices, les trésors d’une instruction variée et profonde, ornés de tout ce que la plus élégante diction pouvait leur donner d’éclat.


MÉMOIRE
SUR LA RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS NUMÉRIQUES.


À la fin de 1789, Fourier se rendit à Paris, et lut devant l’Académie des sciences un mémoire concernant