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par des actes qui lui laissent, pour toute alternative, le poison ou l’échafaud.

La révolution française jeta aussi le savant géomètre dont je dois aujourd’hui célébrer les découvertes, bien loin de la route que le sort paraissait lui avoir tracée. Dans des temps ordinaires, c’est de dom Joseph Fourier que le secrétaire de l’Académie aurait dû vous entretenir ; c’est la vie tranquille et retirée d’un bénédictin qu’il eût déroulée devant vous. La vie de notre confrère sera au contraire, agitée et pleine de périls ; elle se passera dans les dangereux combats du forum ; au milieu des hasards de la guerre, en proie à tous les soucis d’une administration difficile. Cette vie, nous la trouverons étroitement enlacée aux plus grands événements de notre époque. Hâtons-nous d’ajouter qu’elle sera toujours digne, honorable, et que les qualités personnelles du savant rehausseront l’éclat de ses découvertes.


NAISSANCE DE FOURIER. — SA JEUNESSE.


Fourier naquit à Auxerre, le 21 mars 1768. Son père, comme celui de l’illustre géomètre Lambert, était un simple tailleur. Cette circonstance eût jadis occupé beaucoup de place dans l’éloge de notre savant confrère ; grâce aux progrès des lumières, je puis en faire mention comme d’un fait sans importance : personne, en effet, ne croit aujourd’hui, personne même ne fait semblant de croire que le génie soit un privilége attaché au rang ou à la fortune.

Fourier devint orphelin à l’âge de huit ans. Une dame