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hiéroglyphes de l’antique peuple des Pharaons tous les artifices dont les Chinois font usage aujourd’hui.

Plusieurs passages d’Hérodote, de Diodore de Sicile, de saint Clément d’Alexandrie, ont fait connaître que les Égyptiens se servaient de deux ou trois sortes d’écritures, et que dans l’une d’elles, au moins, les caractères symboliques ou représentatifs d’idées jouent un grand rôle. Horapollon nous a même conservé la signification d’un certain nombre de ces caractères ; ainsi, l’on sait que l’épervier désignait l’âme ; l’ibis, le cœur ; la colombe (ce qui pourra paraître assez étrange), un homme violent ; la flûte, l’homme aliéné ; le nombre seize, la volupté ; une grenouille, l’homme imprudent ; la fourmi, le savoir ; un nœud coulant, l’amour ; etc., etc.

Les signes ainsi conservés par Horapollon ne formaient qu’une très-petite partie des huit à neuf cents caractères qu’on avait remarqués dans les inscriptions monumentales. Les modernes, Kircher entre autres, essayèrent d’en accroître le nombre. Leurs efforts ne donnèrent aucun résultat utile, si ce n’est de montrer à quels écarts s’exposent les hommes les plus instruits, lorsque, dans la recherche des faits, ils s’abandonnent sans frein à leur imagination. Faute de données, l’interprétation des écritures égyptiennes paraissait depuis longtemps à tous les bons esprits un problème complétement insoluble, lorsqu’en 1799, M. Boussard, officier du génie, découvrit, dans les fouilles qu’il faisait opérer près de Rosette, une large pierre couverte de trois séries de caractères parfaitement distincts, Une de ces séries était du grec. Celle-là, malgré quelques mutilations, fit clairement connaître que