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cer en termes obscurs ce que l’expérience des deux lentilles nous avait appris ?

La théorie de Thomas Young échappe à cette critique. Ici on n’admet plus d’accès d’aucune espèce comme propriété primordiale des rayons. La lame mince se trouve d’ailleurs assimilée, sous tous les rapports, à un miroir épais de la même substance. Si, dans certains de ces points, aucune lumière ne se voit, Young n’en conclut pas que la réflexion y ait cessé : il suppose que dans les directions spéciales de ces points les rayons réfléchis par la seconde face, allant à la rencontre des rayons réfléchis par la première, les anéantissent complétement. C’est ce conflit que l’auteur a désigné par le nom maintenant si fameux d’interférence.

Voilà, sans contredit, la plus étrange des hypothèses ! On devait certainement se montrer très-surpris de trouver la nuit en plein soleil, dans des points où des rayons de cet astre arrivaient librement ; mais qui se fût imaginé qu’on en viendrait à supposer que l’obscurité pouvait être engendrée en ajoutant de la lumière à de la lumière !

Un physicien est justement glorieux quand il peut annoncer quelque résultat qui choque à ce degré-là les idées communes ; mais il doit, sans retard, l’étayer de preuves démonstratives, sous peine d’être assimilé à ces écrivains orientaux dont les fantasques rêveries charmèrent mille et une nuits du sultan Schahriar.

Young n’eut pas cette prudence. Il montra d’abord que sa théorie pouvait s’adapter aux phénomènes, mais sans aller au delà des possibilités. Lorsque, plus tard, il