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ans, si rare surtout à l’occasion d’une première publication, était ici un acte de modestie sans exemple. Young, en effet, n’avait rien à rétracter. En 1800, après avoir retiré son désaveu, notre confrère développa de nouveau la théorie de la déformation du cristallin, dans un mémoire auquel, depuis, on n’a pas fait d’objection sérieuse.

Rien de plus simple que son argumentation ; rien de plus ingénieux que ses expériences. Young élimine d’abord l’hypothèse d’une variation de courbure dans la cornée, à l’aide d’observations microscopiques qui auraient rendu les plus petites variations appréciables. Disons mieux : il place l’œil dans des conditions particulières où les changements de courbure seraient sans nul effet ; il le plonge dans l’eau, et prouve qu’alors même la faculté de voir à diverses distances persiste en son entier.

La seconde des trois suppositions possibles, celle d’une altération dans les dimensions de l’organe, est ensuite renversée par un ensemble d’objections et d’expériences auxquelles il serait difficile de résister.

Le problème semblait irrévocablement résolu. Qui ne comprend, en effet, que si, de trois solutions possibles, deux sont écartées, la troisième devient nécessaire ; que le rayon de courbure de la cornée et le diamètre longitudinal de l’œil étant inaltérables, il faut bien que la forme du cristallin puisse varier ? Young, toutefois, ne s’arrête pas là ; il prouve directement, par de subtils phénomènes de déformation des images, que le cristallin change réellement de courbure ; il invente, ou du moins il perfec-