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devint son propre instituteur, et c’est ainsi que se développeront de brillantes qualités que trop de secours eussent certainement énervées.

Young avait huit ans, lorsque le hasard, dont le rôle, dans les événements de la vie de tous les hommes, est plus considérable que leur vanité ne juge prudent de l’avouer, vint l’enlever à des études exclusivement littéraires et lui révéler sa vocation. Un arpenteur de beaucoup de mérite, à côté duquel il demeurait, le prit en grande affection. Il l’emmenait quelquefois sur le terrain, les jours de fête, et lui permettait de jouer avec ses instruments de géodésie et de physique. Les opérations à l’aide desquelles le jeune écolier voyait déterminer les distances et les élévations des objets inaccessibles, frappaient vivement son imagination ; mais bientôt quelques chapitres d’un dictionnaire des mathématiques firent disparaître tout ce qu’elles semblaient avoir de mystérieux. À partir de ce moment, dans les promenades du dimanche, le quart de cercle remplaça le cerf-volant. Le soir, par voie de délassement, l’apprenti ingénieur calculait les hauteurs mesurées dans la matinée.

De neuf ans à quatorze, Young demeura à Compton, dans le comté de Dorset, chez un professeur Thomson, dont la mémoire lui fut toujours chère. Pendant ces cinq années, tous les élèves de la pension s’occupèrent exclusivement, suivant les habitudes des écoles anglaises, d’une étude minutieuse des principaux écrivains de la Grèce et de Rome. Young se maintint sans cesse au premier rang de sa classe, et cependant il apprit, dans le même intervalle, le français, l’italien, l’hébreu, le persan