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que presque à la même heure, la France avait perdu l’auteur de la Mécanique céleste ? Volta, depuis six ans, n’existait plus que pour sa famille. Sa vive intelligence s’était presque éteinte. Les noms d’électrophore, de condensateur, le nom même de la pile, n’avaient plus le privilège de faire battre son cœur ! Laplace, au contraire, conserva jusqu’à son dernier jour cette ardeur, cette vivacité d’esprit, cet amour passionné pour les découvertes scientifiques, qui pendant plus d’un demi-siècle le rendirent l’âme de vos réunions. Lorsque la mort le surprit à l’âge de soixante-dix-huit ans, il publiait une suite au cinquième volume de son grand ouvrage. En réfléchissant à l’immensité d’une telle perte, on reconnaîtra, je ne saurais en douter, qu’il y a eu quelque injustice à reprocher à l’Académie d’avoir, au premier moment, concentré toutes ses pensées sur le coup funeste qui venait de la frapper. Quant à moi, Messieurs, qui n’ai jamais pu me méprendre sur vos sentiments, toute ma crainte aujourd’hui est de n’avoir pas su faire ressortir au gré de vos désirs les immenses services rendus aux sciences par l’illustre professeur de Pavie. Je me flatte, en tout cas, qu’on ne l’imputera pas à un manque de conviction. Dans ces moments de douce rêverie, où, passant en revue tous les travaux contemporains, chacun, suivant ses habitudes, ses goûts, la direction de son esprit, choisit avec tant de discernement celui de ces travaux dont il voudrait de préférence être l’auteur, la Mécanique céleste et la Pile voltaïque venaient à la fois et toujours sur la même ligne s’offrir à ma pensée ! Un académicien voué à l’étude des astres ne pourrait pas donner un