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moine. Il songea donc à se créer de nouvelles ressources. La place, si médiocrement rétribuée, d’examinateur temporaire des élèves de l’École polytechnique se présenta, Fresnel l’obtint ; mais ses amis ne tardèrent pas à reconnaître qu’il avait trop présumé de ses forces, que l’ardeur avec laquelle il remplissait ses nouvelles fonctions, que les inquiétudes vraiment exagérées dont il était saisi quand il fallait classer les élèves par ordre de mérite, altéraient gravement une santé déjà si chancelante ; et toutefois comment conseiller un désistement d’où serait inévitablement résulté l’abandon d’une multitude de glorieux travaux ? Sur ces entrefaites, l’une des plus belles places scientifiques, parmi toutes celles dont le gouvernement dispose, la place d’examinateur des élèves de la marine vint à vaquer. Cette place n’exige qu’un travail modéré. Le voyage annuel qu’elle nécessite était, aux yeux des médecins, une raison de plus pour désirer que Fresnel l’obtint. Il se détermina donc à se mettre sur les rangs ; car alors tout le monde croyait qu’il n’y avait aucune inconvenance à demander un emploi auquel de longues études vous rendaient propre et qu’on aurait rempli avec conscience. Les gens de lettres s’imaginaient qu’en s’imposant les plus pénibles travaux, ils pourraient sans crime aspirer à jouir, dans leur vieillesse, de cette indépendance que le moindre artisan de Paris est sûr d’obtenir un jour, pour peu qu’il soit laborieux et rangé. Personne encore n’avait soutenu qu’en toute chose il n’y eût pas convenance et profit à nommer le plus digne. La gloire que les Lagrange, les Laplace, les Legendre répandaient sur le Bureau des Longitudes et sur l’Acadé-