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ET SUR DIVERS CONTEURS ITALIENS.

Objets charmants, c’est pour vous que j’écris ;
Encouragez mes timides récits.
Que risquez-vous à vétille pareille ?
On ne fait point les enfants par l’oreille,
Vous le savez. Des vers, un conte bleu,
À votre honneur n’ôtent pas un cheveu ;
Écoutez donc. Et vous, pestes maudites,
Au ton bigot, au maintien papelard,
Qui sur un conte innocemment gaillard
Versez le fiel de vos langues bénites,
Prudes, pédans, tartuffes, chatemites,
Sur ces vers-ci vous aurez beau gloser,
Je ne crains point votre œil louche et perfide :
À mes récits la vérité préside,
Elle les dicte et doit les excuser.
Or, à Breslau, dans la Silésie haute,
Advint un fait très-remarquable, en l’an
Quatorze cent nonante et trois, sans faute
(Car je ne fais à plaisir un roman) ;
À Breslau donc demeuraient en personne
Un lourd baron et sa lourde baronne,
D’esprit épais, de froid tempérament,
Gros, gras, pesant chacun quatre cents livres ;
De ces gens nés pour consommer les vivres,
Ne pensant point, mangeant, buvant, dormant,
Et sur le tout priant dévotement.
Ils marmottaient de longues patenôtres
Matin et soir, à la Vierge, aux apôtres,
À tous les saints ; dans leur triste maison
Se répandait une odeur d’oraison.

La nouvelle de Casti étant très facile à se procurer, nous y renvoyons ceux qui ignore-