Page:Arétin - Sept Petites Nouvelles, 1861, trad. Philomneste.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
ET SUR DIVERS CONTEURS ITALIENS.

des saints, et il veut dédier cet ouvrage au sultan Soliman, auquel il adressera une épître dédicatoire qui ne peut manquer de faire entrer le Grand-Turc dans l’Église chrétienne[1] ; les siècles à venir s’étonneront à bon droit d’un tel événement. Du reste, s’il écrit des gaillardises, ce n’est point par malice, c’est pour vivre ; son compère Brucioli a fait hommage au roi très-chrétien de sa traduction de la Bible, et voilà cinq ans qu’il n’a pas même reçu de réponse.

Parmi les assertions contenues dans l’écrit du comte Dandolo, il en est deux qui nous ont arrêté un instant. Il avance (ce que nous avions ignoré jusqu’ici) que Napoléon interdit dans son armée, sous peine de mort, la lecture d’un roman qui porte un nom assez commun parmi les femmes de chambre[2], et qui sortit de la plume d’un marquis trop célèbre mort à Charenton. Il dit de plus que les ouvrages libres de l’Arétin sont tellement rares qu’il ne les a jamais vus[3]. Le fait est, au contraire, qu’ils sont assez com-

  1. « Vi giuro che al Sultano Solimano lo intitolo, facendo in si nova maniera la epislola che ne slupirà nei futuri secoli il mondo, imperochè sarà cristiana a lai segno che potria moverlo a lasciar la moschea per la chiesa. »
  2. Les amateurs qui possèdent l’ouvrage dont il s’agit n’annoncent pas d’ordinaire publiquement qu’ils l’ont admis dans leur cabinet secret. Ce n’est donc pas sans quelque surprise qu’en parcourant le catalogue des livres (non destinés à la vente) de M. Gomez de la Cortina (Madrid, 1855), nous y avons trouvé, No 3908, les 10 volumes en question ; ils ont coûté au bibliophile castillan 3000 réaux (750 fr.)
  3. « Gli scritti osceni sono si rari che io non so tampoco di qual colore sieno. »