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par sa vertu, surpasse autant les autres hommes, qu’il est lui-même surpassé par les Dieux immortels.

Pourquoi donc l’exemple et le souvenir de Socrate ne nous encourage-t-il pas à étudier une semblable philosophie, et à chercher la connoissance de semblables Dieux ? Je ne vois pas ce qui pourroit nous en détourner, et je suis étonné que tout le monde souhaitant de vivre heureux, et sachant que ce n’est qu’en cultivant son esprit qu’on peut parvenir à la félicité, il se trouve néanmoins si peu de personnes qui s’attachent à le cultiver. Celui qui veut voir plus clair qu’un autre, a soin de ses yeux, qui sont l’organe de sa vue ; pour se rendre léger à la course, il faut habituer ses pieds à courir ; pour devenir bon lutteur, il faut fortifier ses bras par l’usage de la lutte, et ainsi des autres parties du corps, selon le genre d’exercice auquel on veut s’adonner. Ces principes étant plus clairs que le jour, je ne saurois assez admirer le peu de soin qu’on prend de nourrir son ame par la raison ; car enfin l’art de bien vivre est également