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abandonnât pour les reprendre une autre fois plus sûrement, ou pour les conduire d’une autre manière.

Dans ces rencontres, il disoit qu’une certaine voix divine se faisoit entendre à lui ; ce que Platon rapporte expressément, afin qu’on ne s’imagine pas que sa prévoyance ne fût que l’effet de l’observation qu’il auroit faite des paroles des hommes, qui auroient frappé par hasard ses oreilles ; car, s’étant un jour trouvé avec Phèdre dans un lieu hors de la ville et sans témoins, dans le temps qu’il étoit à l’ombre sous un arbre épais, il ouit une voix qui l’avertit de ne point traverser les eaux du fleuve Ilissus, avant qu’il eût appaisé la colère de l’Amour, en se rétractant de ce qu’il avoit avancé contre lui. Et d’ailleurs, s’il eût écouté les conseils des hommes et les présages ordinaires, il auroit été souvent déterminé à agir, comme il arrive à ceux qui, par excès de timidité, consultant moins leur propre pensée, que les conseils des Devins, vont de rue en rue, écoutant les uns et les autres, et pensent, pour ainsi dire, plutôt