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La même chose se pratique chez les Troyens. Quand ils sont obligés d’avoir recours à la divination, ce sénat si sage dans ses délibérations, garde le silence, Hicétaon, Lampus, Clitius se taisent, et attendent, comme tous les autres, les augures odieux d’Hélenus, ou les prédictions de Cassandre, qui avaient le malheur de n’être jamais crues. De la même manière Socrate, quand le secours de la prudence ordinaire lui manquoit, se laissoit conduire à la vertu divinatrice de son Génie, lui obéissoit promptement et avec exactitude ; ce qui lui attiroit d’autant plus la bienveillance de ce Démon favorable. Et de ce que ce Démon ou Génie arrêtoit ordinairement Socrate dans quelques-unes de ces entreprises, et ne le poussoit jamais à aucune, il est fort facile d’en rendre la raison ; c’est que Socrate, le plus parfait des hommes, et le plus attentif à tous ses devoirs, n’avoit jamais besoin d’être excité, mais souvent d’être détourné de ses entreprises, lorsqu’elles l’exposoient à quelque péril imprévu, afin qu’il se tînt sur ses gardes, et qu’il les