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Sera-ce votre bras et votre javelot, comme au féroce Mezence, qui ne juroit jamais que par ce qui lui servoit à combattre.

Ce dard et cette main sont mes uniques Dieux.

L. 10 de l’Enéide.

Loin ces Dieux si cruels ! une main lasse de meurtres, et un javelot rouillé par le sang, ni l’un ni l’autre ne sont pas dignes que vous les invoquiez, et que vous juriez par eux, puisque cet honneur n’est dû qu’au plus grand des Dieux, et même, comme dit Ennius, le jurement s’appelle le serment de Jupiter[1].

Que me conseillez-vous donc ? Jurerai-je tenant un caillou à la main qui représente Jupiter, suivant l’ancienne coutume des Romains ? Certainement, si l’opinion de Platon est véritable, que les Dieux n’ont aucun commerce avec les hommes, cette pierre m’entendra plus facilement que Jupiter ; mais cela n’est pas vrai, car Platon

  1. Jusjurandum quasi Jovis jurandum.