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hommes sont encore incertains de leur grandeur et de leur couleur. Les autres ne se connoissent que par l’entendement et même avec beaucoup de peine ; ce qui, sans doute, n’est pas surprenant dans les Dieux immortels, puisque même parmi les hommes, celui qui, par les faveurs de la fortune, se trouve élevé sur le trône chancelant d’un empire, se laisse difficilement aborder, et passe sa vie sans témoins et caché dans le sanctuaire de sa grandeur ; car la familiarité fait naître le mépris, et la rareté excite l’admiration.

Que faut-il donc faire, me dira quelque orateur ? Suivant votre opinion, qui a quelque chose de divin, à la vérité, mais en même-temps de fort cruel, s’il est vrai que les hommes soient absolument bannis du commerce des Dieux immortels ; si, relégués ici bas sur la terre, toute communication leur est interdite avec les habitans des cieux, et s’il est vrai qu’au lieu que le berger visite ses troupeaux, et l’écuyer ses haras, nul d’entre les Dieux ne vient visiter