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d’accomplir ma vocation, ce qui me mettoit un trouble extraordinaire dans l’esprit. Enfin, par son ordre exprès, je vendis mes hardes, et quoiqu’elles fussent peu considérables, je ne laissai point d’en faire la somme qui m’étoit nécessaire. S’il étoit question de te procurer quelque plaisir, me disoit cette Divinité, tu n’épargnerois pas ton manteau, et, lorsqu’il s’agit de te faire initier dans mes mystères, tu hésites et tu crains de te réduire dans une pauvreté dont tu n’auras jamais lieu de te repentir.

Après que j’eus donc préparé tout ce qui étoit nécessaire, je passai, pour la seconde fois, dix jours entiers, sans manger de rien qui eût eu vie, et je fus initié dans les secrets mystères du grand dieu Serapis. Je m’acquittai ensuite des fonctions divines avec une parfaite confiance ; ce qui me procuroit un grand soulagement, et me donnoit moyen de vivre avec plus de commodité, parce que la divine providence me favorisoit et me faisoit gagner de l’argent à plaider des causes en latin.

Au bout de quelque temps, je fus bien surpris du commandement que je reçus des Dieux, de me faire consacrer pour la troisième fois. Alors, avec une inquiétude et une peine d’esprit extraordinaire, je cherchois continuellement en moi-même ce que pouvoit signifier cet ordre surprenant, je ne comprenois point ce qui pouvoit manquer à la cérémonie