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que vous serez bien aise un jour d’avoir embrassé, et dès ce moment consacrez-vous, de votre bon gré, au culte et au ministère de notre religion ; car, si-tôt que vous aurez commencé à servir la Déesse, vous jouirez avec encore plus de plaisir des avantages de votre liberté.

Ainsi parla cet illustre prêtre, en poussant de profonds soupirs ; ensuite la pompe sacrée continua sa marche. Je la suivis au milieu des ministres de la Déesse. Je fus bientôt connu et remarqué de tout le peuple, les uns me désignant aux autres par un mouvement de tête, et me montrant avec la main, chacun parloit de mon avanture. Voilà, disoit-on, celui à qui la toute-puissante Déesse a rendu la forme humaine ; il est certainement très-heureux d’avoir mérité par l’innocence et la probité de ses mœurs, cette insigne faveur des cieux, de renaître, pour ainsi dire, et d’être reçu dans le ministère des choses sacrées.

Après qu’on eut marché quelque temps au milieu des acclamations et des vœux de tout le peuple, nous arrivâmes au bord de la mer, et au même endroit, où, sous ma figure d’âne, j’avois passé la nuit. On y rangea par terre les images des Dieux, suivant l’ordre accoutumé ; ensuite le grand prêtre, par d’augustes prières, que sa sainte bouche prononçoit, consacra à la Déesse un navire artistement construit, où l’on voyoit les merveilleux caractères