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d’affreuses disgraces, où l’aveugle fortune vous a plongé, elle vous a conduit, contre son intention et par sa persécution même, à cet heureux état, dont on jouit, lorsqu’on s’est consacré au culte de la religion ; qu’elle se retire donc, et qu’elle cherche un autre objet pour exercer ses fureurs ; car sa rage ne peut rien contre ceux que notre grande Déesse prend à son service et en sa défense. Quel avantage cette aveugle fortune a-t-elle retiré de vous avoir fait tomber entre les mains des voleurs, de vous avoir fait essuyer de si grandes fatigues, par tant de voyages, dans des chemins difficiles, de vous avoir livré aux dangers d’être dévoré par les bêtes sauvages, et de vous avoir exposé chaque jour aux horreurs de la mort ? Vous voilà présentement sous la protection d’une autre fortune qui voit clair et illumine tous les autre Dieux par l’éclat de sa lumière. Prenez donc, Lucius, un visage plus gai et plus convenable à cette robe blanche dont vous êtes revêtu ; accompagnez avec joie la pompe de la Déesse qui a daigné prendre soin de vous. Que les impies voient le miracle qu’elle a fait en votre personne, qu’ils le voient et qu’ils reconnoissent leurs erreurs : Lucius est maintenant délivré de tous ses malheurs ; le voilà qui jouit des faveurs de la grande Déesse Isis, et qui triomphe de la mauvaise fortune. Cependant, afin que vous soyez plus en sûrété et mieux protégé, engagez-vous dans cette sainte milice, c’est un parti