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dans son plein, qui jettoit une lumière très-vive ; autour de cette belle mante étoit encore attachée une chaîne de toutes sortes de fruits et de fleurs.

La Déesse avoit dans ses mains des choses fort différentes ; elle portoit en sa droite un sistre d’airain, dont la lame étroite et courbée en forme de baudrier, étoit traversée par trois verges de fer, qui, au mouvement du bras de la Déesse, rendoient un son fort clair. Elle tenoit en sa main gauche un vase d’or, en forme de gondole (10), qui avoit sur le haut de son anse un aspic, dont le cou étoit enflé et la tête fort élevée ; elle avoit à ses pieds des souliers tissus de feuilles de palmier. C’est en cet état que cette grande Déesse, parfumée des odeurs les plus exquises de l’Arabie heureuse, daigna me parler ainsi.

Je viens à toi, Lucius, tes prières m’ont touchée, je suis la nature, mère de toutes choses, la maîtresse des élémens, la source et l’origine des siècles, la souveraine des divinités, la reine des manes, et la première des habitans des cieux. Je représente en moi seule tous les Dieux et toutes les Déesses (11) ; je gouverne à mon gré les brillantes voûtes célestes, les vents salutaires de la mer, et le triste silence des enfers. Je suis la seule divinité qui soit dans l’univers, que toute la terre révère sous plusieurs formes, avec des cérémonies diverses, et sous des noms