Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je vais me laver dans la mer (3), pour me purifier. Je plonge ma tête sept fois dans l’eau (4), suivant la doctrine du divin Pythagore qui nous apprend que ce nombre est le plus convenable aux choses qui regardent la religion ; ensuite, plein de joie et d’espérance, je fis cette prière à la Déesse avec tant d’affection, que j’avois les yeux tous baignés de larmes.

Reine du ciel, soit que vous soyez la bienfaisante Cérès (5), mère des bleds, qui, dans la joie que vous ressentîtes d’avoir retrouvé votre fille, ôtâtes aux hommes l’ancien usage du gland, dont ils vivoient à la manière des bêtes, en leur enseignant une nourriture plus douce ; vous qui avez choisi votre séjour dans les campagnes d’Eleusis : soit que vous soyez la céleste Vénus qui, dans le commencement du monde, ayant produit l’amour, avez uni les deux sexes, et éternisé le genre humain, et qui êtes présentement adorée dans le temple de Paphos, que la mer environne : soit que vous soyez la sœur d’Apollon qui, par les secours favorables que vous donnez aux femmes enceintes, avez mis au monde tant de peuples, et qui êtes révérée dans le magnifique temple d’Ephèse (6) : soit enfin que vous soyez Proserpine, dont le nom formidable se célèbre la nuit par des cris et des hurlements affreux ; qui, par votre triple forme (7), arrêtez l’impétuosité des spectres et des phantômes, en les retenant dans les