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public ; mais n’ayant point de mains, il m’étoit impossible, avec mes mauvais pieds, dont la corne étoit ronde, de tirer une épée de son fourreau pour me la passer au travers du corps. La seule chose qui me consoloit un peu dans mes malheurs, c’étoit de voir que le printemps commençoit à ramener les fleurs et la verdure, que les prés s’émailloient déjà de diverses couleurs, et que les roses alloient bientôt parfumer l’air en s’épanouissant, et me rendroient ma première forme de Lucius.

Enfin le jour destiné à la fête publique étant arrivé, l’on me conduisit dans l’arène, le peuple me suivant avec de grandes démonstrations de joie. Les jeux commencèrent par d’agréables danses. Pendant ce temps-là, j’étois devant la porte de l’amphithéâtre qui étoit ouverte, où je paissois de fort belle herbe, et de temps en temps je jettois la vue sur le spectacle qui me faisoit fort grand plaisir. Il étoit composé d’une troupe charmante de jeunes garçons et de jeunes filles, habillés magnifiquement, qui, par leurs gestes et les figures différentes de leurs pas concertés, exécutoient parfaitement bien la danse Pyrrhique (16). Tantôt ils formoient un cercle tous ensemble, tantôt ils alloient obliquement d’un coin du théâtre à l’autre, se tenant tous par la main ; quelquefois ils formoient un bataillon quarré, ensuite ils se séparoient en deux troupes. Après qu’ils eurent