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un son fort agréable, d’une bride d’argent, d’une selle superbe, dont les sangles étoient de diverses couleurs, avec une housse de pourpre, et pendant le chemin, il me parloit de temps en temps avec amitié ; il disoit entre autres choses, qu’il étoit ravi d’avoir en moi un convive et un porteur tout à la fois.

Ayant achevé notre voyage, une partie par mer, et l’autre par terre, nous arrivâmes à Corinthe. D’abord tout le peuple accourut autour de nous, moins pour honorer Thyasus, à ce qui me sembloit, que par la curiosité qu’ils avoient de me voir ; et ma réputation étoit si grande en ce pays-là, que je ne valus pas une médiocre somme à l’affranchi qui étoit chargé d’avoir soin de moi. Lorsqu’il voyoit plusieurs personnes qui souhaitoient passionnément voir tous les tours que je savois faire, il tenoit la porte du lieu où j’étois fermée, et les faisoit entrer l’un après l’autre pour de l’argent, ce qui lui valoit beaucoup chaque jour.

Entre tous ceux que la curiosité y attiroit, il y eut une femme de qualité, de grande considération et fort riche, qui vit avec tant de plaisir et d’admiration toutes les galanteries que je faisois, qu’elle fut touchée de mon mérite, à l’exemple de Pasiphaé (11), qui avoit bien aimé un taureau ; de manière qu’elle acheta de l’affranchi une de mes nuits pour une somme considérable ; et ce méchant