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coups de poing et de coude, et même avec une pierre qu’il prit dans le chemin. Du moment que le soldat fut étendu par terre, il lui fut impossible de se défendre, ni de parer les coups ; mais il menaçoit continuellement le jardinier, que, s’il se pouvoit relever, il le hacheroit en morceaux avec son épée. Mon maître, crainte d’accident, la lui prit, et la jetta le plus loin qu’il put, et continua à le frapper encore plus violemment qu’il n’avoit fait.

Le soldat étendu de son long, tout couvert de plaies et de contusions, ne vit d’autre moyen, pour sauver sa vie, que de contrefaire le mort. Le jardinier se saisit de son épée, monte sur mon dos, et sans songer à voir au moins son petit jardin, il s’en va fort vîte droit à la ville, et se retire chez un de ses amis, à qui il conte tout ce qui venoit d’arriver, le priant en même-temps de le secourir dans le péril où il étoit, et de le cacher, lui et son âne, pendant deux ou trois jours, jusqu’à ce qu’il fût hors de danger d’être recherché criminellement. Cet homme n’ayant pas oublié leur ancienne amitié, le reçut parfaitement bien. On me plia les jambes, et l’on me traîna le long du degré dans une chambre au haut de la maison ; le jardinier se mit en bas dans un coffre, dont il baissa la couverture sur lui.

Cependant le soldat, à ce que j’ai appris depuis,