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en bois de rose m’a tant plu que je veux remporter et la mettre dans ton boudoir.

Je m’aperçois qu’en pensée je gouverne en maître Krasnia-Kriastchy, et néanmoins ce sera peut-être un autre qui l’aura.

Mais qui ? En tout cas, que la tante nous ait laissé tout ou qu’elle ne nous ait rien laissé, comme c’était son plein droit, je suis très heureux d’être venu aux funérailles de cette sainte et digne femme, et très probablement resterai-je ici jusqu’au neuvième jour. Anna Ivanovna t’a jadis servi de mère, et, à vrai dire, dans notre querelle, nous étions plus coupables qu’elle.

Sans doute, devenue vieille, elle avait ses manies, ses caprices ; mais il faut être indulgent. Quel bonheur que nous ayons réparé notre faute dans la dernière année de sa vie, et comme je te suis reconnaissant d’être allée chez elle au printemps ! Aurons-nous gagné quelque chose à ce voyage ? C’est encore incertain ; mais ce que nous avons déjà acquis, à savoir la tranquillité de conscience, vaut beaucoup plus que tout l’héritage. Nous aussi, mourrons un jour : c’est une vérité banale, mais comme nous l’oublions souvent !

Le neuvième jour, c’est le 18 novembre. Après avoir rendu un dernier devoir à la dé-