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Le matin, j’avais supporté mon échec avec assez de courage ; mais en entrant chez Maria Pétrovna, à la vue de ces murs entre lesquels était né et mort mon dernier espoir, je souffris horriblement. Mon âme me fit mal comme une dent gâtée. Pour ma souffrance je ne pouvais espérer remède plus calmant que la société de Maria Pétrovna. Très effrayée de ma pâleur, elle me soigna, me plaignit, et je me sentis pour elle un élan de si douce reconnaissance que je me décidai à lui conter ma peine.

— Maria Pétrovna, dis-je quand, après le dîner, nous nous fûmes assis dans le petit salon, nous sommes de si vieux amis que je crois de mon devoir de me confesser à vous. Peut-être vous fâcherez-vous ; cependant je vous dirai tout.

— Oui, c’est vrai, Paul, nous sommes de très vieux amis.

— Savez-vous pourquoi je suis venu ce matin ? J’ai fait une déclaration à Lydia.

À une telle nouvelle, toute autre femme eût au moins poussé un cri d’étonnement ; mais rien ne peut étonner Maria Pétrovna ; elle se contenta de me demander avec calme :

— Oui, vraiment, eh bien !

— Naturellement j’ai essuyé un refus, mais on ne pouvait espérer autre chose.