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— Mais ce ne sont pas des rides, ce sont tout simplement de petits plis de la peau.

— Parfaitement ; mais, quand vous étiez page, vous n’aviez pas ces petits plis, et aujourd’hui ils y sont.

— Ce sont les réflexions, les nombreuses pensées…

— Oh ! les nombreuses pensées ! et davantage les longues années. Mais ne vous agitez pas, et laissez-moi écouter votre cœur.

Chez ma défunte mère, qui était toujours malade, et chez Maria Pétrovna, qui, toujours bien portante, se soigne sans cesse, j’ai observé bien des types de médecins. Féodor Féodorovitch appartient au plus odieux : c’est un médecin ironique, un faiseur de bons mots ; j’ai toujours peur qu’il ne jette dans l’ordonnance un de ces calembours latins dont on ne réchappe point.


19 novembre.

Aujourd’hui, Maria Pétrovna est venue me voir en compagnie du docteur. Maria Pétrovna est une femme très remarquable. Je crois avoir été amoureux d’elle tout enfant. J’eusse peut-être oublié cette circonstance depuis longtemps déjà si elle-même ne me la rappelait parfois avec sa façon de dire : « Vous