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magine comment travaille la baronne Vizen ! Tu seras sans doute au mariage de Kostia : écris-moi tout, tout, jusqu’au moindre détail ; je ne lui en veux pas. Dieu le bénisse ! tout est peut-être pour le mieux ! je crains seulement qu’il ne soit pas heureux ; comment cette bête de Nadinka pourrait-elle l’aimer comme je l’aimais autrefois ! J’ai écrit « autrefois » ! Y a-t-il longtemps ! Je t’embrasse fort.

Mary.


P.-S. — Salue de ma part Michel Névieroff : c’est un bon et gentil garçon. Est-ce que le monde le gâtera, lui aussi ? Je n’oublierai jamais l’expression de son visage lorsqu’il m’accompagna au chemin de fer et me présenta les excuses de son frère. « Mon frère est de service aujourd’hui », me dit-il ; et, en même temps, il rougissait jusqu’aux oreilles — il ne peut encore mentir sans rougir ! — et c’était un mensonge, car, la veille, j’avais lu dans l’ « ordre » que Sirotkine aîné était de service pour ce jour-là. Ces frères Sirotkine m’intéressent beaucoup, parce que, tout cet hiver, ils ont été constamment de service, l’un ou l’autre. Verrai-je jamais ces Sirotkine et seront-ils encore de service