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lais pour toujours rester à la campagne ; et il m’a répondu que c’était là fantaisie de convalescente et qu’au surplus, pour l’éducation des enfants et pour sa carrière, je dois passer tous les hivers à Pétersbourg. Mais songe un peu à la figure que je ferai à ma rentrée dans le monde et à ce que j’éprouverai quand je rencontrerai Kostia ! Je ne puis plus écrire, je finirai cette lettre demain.


Avant-hier, quand j’ai commencé cette lettre, le temps était horrible : il tombait de la neige, et le vent était si violent qu’on ne pouvait sortir même sur le balcon.

Hier, un chaud et brillant soleil s’est montré et ici le printemps commence déjà. Si tu savais comme le printemps naissant est beau à la campagne : il provoque une émotion toute particulière ; je l’avais déjà éprouvée dans ma jeunesse, mais depuis je l’avais oubliée. Mais d’habitude le printemps vient peu à peu : hier tout s’est animé et a chanté ; le printemps est venu comme la baronne Vizen, sans s’annoncer : avant-hier, la montagne était tout à fait blanche, aujourd’hui son sommet est déjà noir et des petites fleurs bleues se montrent entre les arbres nus.