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LIV

De Maria Ivanova Boiarova

(Reçue le 15 mars.)

Depuis plus d’un mois je voulais t’écrire, ma chère, ma charmante Kitie, et chaque fois la plume me tombait des mains. J’ai beaucoup réfléchi, ces derniers temps ; je veux te dire tout, et je ne sais par où débuter. Aujourd’hui, enfin, j’ai quelque force. Je commencerai par te remercier de tout cœur. Tu m’as absolument sauvée en démontrant à mon mari qu’il fallait immédiatement quitter Pétersbourg et aller à la campagne ; cela prouve que tu me connais bien, et que tu comprends parfaitement ce monde dans lequel nous vivons. En effet, que serait-il advenu de moi si j’étais restée à Pétersbourg ? Se cacher de tous, c’était impossible, et recevoir des amies qui seraient venues chez moi sous couleur