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Sans doute, à bien regarder et sans parti pris, on ne peut dire qu’il soit pour Nadenka un très brillant parti : il a un nom de la vieille noblesse, mais pas très illustre, et n’a aucune parenté. J’ai connu la mère dans sa jeunesse : elle était déjà un peu légère ; mais, quand elle eut jeté son bonnet par dessus les moulins, je cessai de la voir. Maintenant, c’est une femme, pieuse et honorable. L’archevêque Nicodime la connaît bien : sa fortune est très grande, mais on ne sait pas encore ce qu’elle donnera à ses fils. En automne, elle les a appelés pour le partage de ses biens ; mais elle a réfléchi et a ajourné le partage. À vrai dire, dans mon futur gendre, je vois deux qualités : il a une corpulence d’athlète et danse admirablement ; le reste, nous n’en parlerons pas, bien que Nadenka m’ait bourdonné dans la voiture : « Il est très, très spirituel ; il le cache exprès à tous ; mais, à moi, il l’a montré. » Grâces soient rendues à Dieu qu’il le lui ait montré ! Si ce Névieroff était plus âgé et qu’il eut fait la cour à l’une de mes filles aînées, je lui aurais montré la porte ; mais pour Nadenka il est suffisant. Elle a — maintenant on peut déjà dire la vérité — non pas vingt-quatre ans, mais vingt-six et plus ; et puis, tout