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À SA MARRAINE


L’hiver revient mon âme est triste
Mon cœur ne sait rien exprimer
Peut-être bien que rien n’existe
Hiver de tout hiver d’aimer
Où ta peine seule résiste

Et pourquoi donc mon cœur bat-il
Par la tristesse qu’il endure
Toi que j’appelle ô cœur gentil
Ne sais-tu pas que je m’azure
Pour te rejoindre plus subtil

Je suis le bleu soldat d’un rêve
Pense à moi mais perds la raison
Vois-tu le songe qui s’achève
Se confond avec l’horizon
Chaque fois que ton œil se lève


Ainsi ma belle marraine, pardonnez-moi de ne pas trouver aujourd’hui l’accent de l’« Adieu », mais je ne peux commander à mon inspiration. À propos de Tristan, je me souviens d’une Ode à la mer, belle chose. J’ai lu tout cela à la bibliothèque de Versailles, riche en premières éditions