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À SA MARRAINE

tion dans ces deux pièces. Vous avez beaucoup de talent et très personnel que vous développerez encore. Je n’ai pas à vous dire ce qui ne m’a pas plu parce que rien ne m’a déplu et ce qui est moins délicieux à certains endroits ne me regarde pas… Il est de vous aussi et porte votre marque. Vous avez trop de talent pour qu’on vous corrige et rien n’est à corriger en cela. Voilà, « dixi » et vous pouvez m’en croire. Je suis d’ailleurs content que vous ayez du talent. Notre correspondance peut être ainsi plus libre, plus confiante. Talent jeune, réel, fondé, car vous êtes savante (et non pédante) et très féminine, ma chère amie. Le sonnet « Croix Rouge » a moins d’importance et la pointe hérédiesque, presque héraldique, n’en fait que souligner la banalité. Les poèmes de circonstance sont souvent loin de la poésie et surtout de la vôtre qui est rêve, émotion, sentiment.

Voilà, chère Yves Blanc. Écrivez vite, vous écrivez bien rarement au demeurant et souffrez que je vous gronde. Je n’en ai pas le droit, c’est vrai, aussi pardonnez-moi et obéissez-moi.

G. A.