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— Disant c’est dommage — Que ce père gris — Ait en mariage — Cette vierge pris.

La nuit ensuivante, — Autour de minuit, — La Vierge plaisante — En son livre lit, — Que le Roi céleste — Prendrait nation — D’une pucelette — Sans corruption.

Tandis que Marie — Ainsi contemplait — Et du tout ravie — Envers Dieu était, — Gabriel archange — Vint subitement — Entrant dans sa chambre — Tout visiblement.

D’une voix doucette — Gracieusement — Dit à la fillette — En la saluant : — Dieu vous gard, Marie, — Pleine de beauté, — Vous êtes l’Amie — Du Dieu de bonté.

Dieu fait un mystère — En vous merveilleux, — C’est que serez mère — Du roi glorieux ; — Votre pucelage — Et virginité — Par divin ouvrage — Vous sera gardé.

À cette parole — La Vierge consent, — Le Fils de Dieu vole, — En elle descend. — Bientôt fut enceinte — Du prince des Rois, — Sans mal ni complainte — Le porta neuf mois.

La noble besogne — Joseph pas n’entend. — À peu qu’il n’en grogne, — S’en va murmurant ; — Mais l’ange céleste — Lui dit, en dormant, — Qu’il ne s’en déhaite, — Par Dieu est l’enfant.

Joseph et Marie — Tous deux Vierges sont, — Qui par compagnie — En Bethléem vont. — Là est accouchée — En pauvre déduit — La Vierge sacrée — Autour de minuit.

Y fut consolée — des anges des cieux, Y fut visitée — Des Pasteurs joyeux, — Y fut révérée —