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Luisa au nombre des dames de sa maison, tandis que Francisco de Cuevas devenait secrétaire des commandements de la reine qui mourut la même année, ne laissant à ses protégés qu’une pension très modique. Luisa mourut à trente ans, à Burgos ; elle était en correspondance avec les hommes les plus érudits de son temps et mérita d’être appelée la Minerve de son siècle. Le soi-disant traducteur latin de la Satire, Jean II Meursius, fils de Jean Ier, fut un érudit hollandais fort estimable. Ce célèbre antiquaire naquit à Leyde en 1623 et mourut en 1653.

D’après Desnoireterres, M. Rochas aurait eu entre les mains un exemplaire de la satire avec la clef des personnages. C’est ainsi que l’héroïne de l’aventure racontée au 7e Dialogue, et où paraît un jouvenceau nommé Robert, serait une demoiselle Anastasie Serment, jolie et spirituelle Dauphinoise. Lettrée, elle eut pour admirateurs : Corneille, Quinault, Maucroix, etc. Elle avait rapporté de Naples des goûts de tribade. Mais elle ne méprisait pas les hommes, et vint abriter à Paris une grossesse clandestine.

Ajoutons que la source de la Satire ce sont les Ragionamenti de l’Arétin et que Chorier a emprunté aux Sonnets luxurieux le nom de son Rangonius (Voir sur ce personnage une dissertation de M. Guillaume Apollinaire dans sa notice de L’Arétin, Paris, Mercure de France, 1912).

La Satire de Chorier est un chef-d’œuvre et l’on ne saurait trop louer, avec Forberg. « la finesse et la grâce des plaisanteries, les étincelles d’érudition latine jetant çà et là des feux éclatants, l’abondance et la facilité du discours où reluisent, comme des perles, des expressions, des pensées originales et brillantes, exhalant une bonne odeur d’archaïsme, enfin cet art suprême de varier merveilleusement un sujet limité[1]. »

Ajoutons encore que cette satire a pris son nom sotadique de Sotadès, de Maronée, qui fut surnommé le Cinédologue. Athénée dit (XIV, 4) : « On a donné le nom d’ionique au style licencieux de Sotadès et à tous les ouvrages de ce genre qui avaient paru avant les siens, ceux d’Alexandre d’Etolie, de Pyrète de Milet, d’Alexus et autres semblables. Ce Sotadès le Maronite fut même surnommé le Cinédologue, et il se distingua dans ce genre, comme disent à

  1. Dans les Apophereta de son édition de l’Hermaphrodite du Panormitain.